EST-IL JUSTE D’EXAMINER non seulement si une loi a été violée, mais également  pourquoi elle l’a été ?
Je me suis posé la question après avoir lu un article sur la façon dont un tribunal allemand a traité le cas d’un automobiliste qui avait reçu une contravention après s’être fait prendre en flagrant délit de vitesse par une caméra de surveillance. Lorsque le juge a appris la raison pour laquelle le conducteur avait dépassé la limite de vitesse permise, il a renoncé à la poursuite. Au lieu de cela, les autorités ont envoyé au conducteur une poupée représentant un policier tenant dans les mains une caméra de surveillance. Quelqu’un dans le système judiciaire avait estimé important le fait que l’homme avait dépassé la limite de vitesse pour conduire à l’hôpital le plus rapidement possible sa femme qui attendait leur premier bébé.

Les motifs et le système judiciaire ─ Le « verdict policier-poupée » touche un point de droit qu’a soulevé l’avocat de la défense et auteur Melvin Belli : « Pour qu’un crime soit commis, il faut la présence de deux éléments : un acte… et un état d’esprit particulier. » Belli poursuit en disant : « En droit, on dit souvent qu’un acte n’est pas un crime s’il est commis sans intention coupable. »
Mais qu’est-ce qu’une intention coupable ? Des spécialistes en droit ne cessent de débattre à savoir si les tribunaux devraient évaluer les motifs de quelqu’un avant de considérer sa culpabilité. Une cour des infractions à la circulation routière devrait-elle s’intéresser à la raison pour laquelle un conducteur qui fait de l’excès de vitesse enfreint la loi ?

Les motifs et la vie de tous les jours ─ Il est plus aisé de considérer les motifs hors de l’enceinte d’un tribunal, même si ces motifs restent difficiles à prouver. Si une femme voit rouge lorsque son mari lui offre des roses jaunes, sa réaction relèvera probablement plus des doutes qu’elle a au sujet des motifs de son mari que de la couleur des fleurs. Lorsque de grosses compagnies injectent beaucoup d’argent dans des campagnes électorales, nous suspectons tout de suite des mobiles cachés derrière les cadeaux, les appuis personnels, et même les bonnes manières.

Les bons motifs peuvent faire de la tâche la plus ingrate
une tâche noble.

Les motifs et la foi ─ Jésus a beaucoup parlé des motifs. En abordant le sujet, il voulait surtout nous aider à examiner notre propre cœur avant de nous mettre à souligner les fautes chez les autres. Comme nous avons tendance à faire les bonnes choses pour les mauvaises raisons, il a exhorté ses disciples ainsi : « [Quand] tu fais l’aumône, que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta droite » (Matthieu 6.3,4). Il leur a également dit que lorsqu’ils priaient, ils devaient le faire en secret et non devant les hommes pour faire étalage de leur spiritualité (Voir 6,18).

Quelle différence les motifs font-ils ? ─ Si nous n’y prêtons pas garde, nous risquons de faire les meilleures choses pour les pires raisons. Nos objectifs se conjuguent avec ce que nous croyons et façonnent la qualité de notre  foi, de notre amour et de notre joie. Ils alimentent une ambition aveugle et nourrissent une envie amère. Ils déterminent si nous mettons notre connaissance de la Bible au profit des autres, ou si nous nous en servons pour les contrôler, les condamner, ou encore pour leur soutirer de l’argent.
Les mauvais motifs ont la capacité de faire honte aux actions louables, tout comme les bons motifs peuvent faire de la tâche la plus ingrate une tâche noble.

D’où viennent les bons motifs ? ─ Ce qui est merveilleux au sujet des bons motifs, c’est que leur source et leur histoire ne se limitent pas à la conscience ni au commandement qui dit : « Tu devrais, tu dois, ou, il faut que tu fasses ». Selon les paroles de Jésus et celles de la Bible, si nous aimons de la bonne façon, c’est parce que Dieu nous a aimés le premier (1 Jean 4.19). Si nous avons la bonne foi au sein de la nuit la plus sombre, c’est parce que Dieu se révèle infiniment plus fiable que ne le seront jamais nos circonstances.

Qu’arrive-t-il lorsque la musique s’arrête ? ─ C’est la question à laquelle Job a été confronté. Selon la Bible, Job était l’un des hommes les plus riches de son époque, jusqu’à ce que ses motifs pour servir Dieu soient mis en cause.
La Bible rapporte que Dieu mentionne le nom de Job dans une conversation qu’il a avec le diable. Le Roi des cieux désigne Job comme un exemple de loyauté indéfectible à son égard. Satan, toutefois, répond à Dieu en s’attaquant aux motifs de Job. Il prétend que Job voit en Dieu un simple ticket-repas et que si Job cessait de recevoir ce qu’il désirait, le citoyen modèle du Roi des rois ne tarderait pas à maudire celui-ci au lieu de lui adresser des louanges.
Dieu permet donc à Satan de mettre le cœur de Job à l’épreuve. Les malheurs se mettent à déferler sur Job telles des vagues destructrices, si bien que Job se retrouve plongé dans la misère et profondément ébranlé par la souffrance et le chagrin. Pourquoi ? Pourquoi Dieu a-t-il permis cette situation ? Plus Job s’efforçait de trouver des réponses, plus il devenait amer et furieux.
Job, qui avait jusqu’ici passé une grande partie de sa vie à faire de son mieux pour aider les autres (Job 29), se retrouve maintenant à batailler pour défendre sa réputation. Même ses amis l’accusent de dissimuler quelque scandale qui, pensent-ils, pourrait bien expliquer ses souffrances.
Ce n’est que lorsque Dieu intervient que le calvaire de Job prend fin (38 – 42). Et ce n’est que lorsque Dieu lui ouvre les yeux et lui permet de voir, comme jamais auparavant, la majesté et la sagesse de son Créateur que Job voit le nuage du désespoir se dissiper devant ses yeux. Ce n’est qu’à ce moment-là que Job déclare : «  Mon oreille avait entendu parler de toi ; mais maintenant mon œil t’a vu. C’est pourquoi je me condamne et je me repens sur la poussière et sur la cendre » (42.5,6).
Les motifs derrière la loyauté de Job envers Dieu ont résisté à l’épreuve du feu. En effet, les raisons pour lesquelles il craignait Dieu et haïssait le mal (1.8) ont pu être affinées au creuset des pertes qu’il avait subies. Maintenant, son âme complètement à nu, Job adore Dieu parce qu’il en est venu à comprendre que Dieu seul mérite qu’on lui fasse confiance au plus profond de l’âme.
Des milliers d’années plus tard, l’histoire de Job nous aide encore à voir que, dans un sens, Satan avait visé juste. Dans les parvis célestes, de même que sur la terre, les motifs comptent pour beaucoup. Si nous n’y prenons pas garde, les raisons pour lesquelles nous cherchons Dieu en diront davantage sur ce que nous désirons que sur notre confiance dans sa puissance éternelle, sa sagesse et son honneur (Jacques 4.1-3). ■

Puissions-nous prier ainsi : Notre Père qui es aux cieux, nous sommes trop portés à examiner les motifs des autres et à fermer les yeux sur les nôtres. Sonde-nous, ô Dieu, et connais notre cœur ! Éprouve-nous et connais nos pensées ! Regarde si nous sommes sur une mauvaise voie, et conduis-nous sur la voie de l’éternité (Voir Psaume 139.23,24).