DE MANIÈRE PRÉVISIBLE chaque nouvelle génération suit un pendule oscillant entre différentes réactions aux « péchés de leurs pères ». Aussi reconnaissants que nous puissions être pour le bien dont nous avons hérité, nous risquons de « redresser à l’excès » ce que nous percevons comme les torts de nos parents.

Cela semble se produire lorsqu’une génération émergente considère la croissance et le salut spirituels.

Beaucoup de jeunes disciples de Jésus croient que, par le passé, on a trop cherché à aider les gens à « accéder au salut » en prenant la décision de recevoir Christ comme leur Sauveur. Aujourd’hui, une collectivité spirituelle jeune et croissante préfère considérer le salut comme le fait de devenir un disciple de Christ. Plutôt que de se concentrer sur le salut par rapport à un jugement à venir, la génération émergente voit la nécessité de soumettre chaque dimension de la vie à l’influence souveraine du Seigneur Jésus.

Cette nouvelle perspective est importante. Beaucoup de jeunes évangéliques d’aujourd’hui ont grandi dans des Églises qui ne mettaient pas l’accent sur « la formation de disciples » et « la vie au sein du royaume ». Résultat : ils réagissent maintenant à une génération qui s’est souciée davantage d’aider les autres à se préparer en vue du ciel qu’à répondre à leurs besoins.

En fait, les parents et les grands-parents des jeunes évangéliques d’aujourd’hui réagissaient toutefois au libéralisme et à l’évangile social d’une génération antérieure. Leurs efforts pour clarifier la nécessité de croire personnellement en Christ et d’espérer toujours plus le retour promis de Jésus les a rendus méfiants par rapport à tout intérêt social ou environnemental.

Maintenant, le pendule va de nouveau dans l’autre direction. En réaction à ceux qui considèrent le salut comme une décision de foi irrévocable, beaucoup de jeunes évangéliques parlent de ce que signifie le fait d’amener Jésus à leur prochain, en réponse aux besoins de ce dernier. Au lieu de mettre l’accent sur la « décision » de recevoir Christ, ils parlent d’un processus ou parcours de foi qui amène à délaisser l’avenir pour s’intéresser au présent, à s’engager par rapport à la culture plutôt que de s’en séparer et à apporter quelque chose du ciel sur la terre plutôt que d’être sauvé en vue du ciel.

Tandis que certains correctifs s’imposent, il importe que l’on ne perde pas de vue certaines distinctions claires qu’une génération antérieure a comprises.

Les qualités requises pour être un disciple :
Jésus a indiqué clairement qu’il ne suffisait pas de décider de croire qu’il était le Messie tant attendu et le Fils de Dieu. Il a dit : « Le disciple n’est pas plus que le maître ; mais tout disciple accompli sera comme son maître » (Luc 6.40).

Il a également dit : « Et quiconque ne porte pas sa croix, et ne me suit pas, ne peut être mon disciple. Car, lequel de vous, s’il veut bâtir une tour, ne s’assied d’abord pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi la terminer […] ? » (14.27-30.)

Pour suivre Jésus, il ne suffit pas de jouir de son merveilleux pardon. Ce dernier exige que nous fassions passer Christ, son Corps et sa mission avant notre engagement naturel envers la maison, le travail et le bonheur.

Cet appel à la formation de disciples correspond à l’objectif de ressembler toujours plus à Christ, en aspirant au plus haut point à nous joindre à Jésus dans sa prière : « Toutefois, que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne » (22.42b).

Voilà le genre de foi qui nous permet de suivre Jésus à notre époque et dans notre monde. Cependant, naître dans la famille de Dieu ne dépend pas d’un engagement radical de ce genre.

Ce qu’il faut pour naître dans sa famille :
Aussi important soit-il de ressembler toujours plus à Jésus, l’Écriture nous parle également de l’importance de prendre d’abord la décision de lui faire confiance en tant que Seigneur et Sauveur. Cette réalité, nous la voyons chez l’un des criminels ayant été crucifiés aux côtés de Christ. Il n’avait pas le temps de devenir disciple. Tout ce qu’il pouvait faire, c’était de reconnaitre sa culpabilité, se tourner vers Jésus et lui dire : « Souviens-toi de moi, quand tu viendras dans ton règne. Jésus lui répondit : Je te le dis en vérité, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis » (Luc 23.42,43).

Il y a aussi le pécheur au coeur brisé qui, dans le Temple, a prié : « Ô Dieu, sois apaisé envers moi, qui suis un pécheur. » Et Jésus a dit que cet homme était rentré chez lui « justifié » (c.‑à‑d. déclaré juste aux yeux de Dieu ; 18.13,14).

Ou encore, il y a le geôlier de Philippes, qui a crié à Paul et à Silas : « Seigneur, que faut‑il que je fasse pour être sauvé ? » Et ils lui ont répondu : « Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé » (Actes 16.30,31).

Beaucoup d’autres textes ajoutent que nous pouvons « naître dans la famille de Dieu » uniquement « par grâce » et « par le moyen de la foi » dans le don divin du salut (Jean 3.16 ; Romains 4.5 ; Éphésiens 2.8,9 ; 1 Jean 5.13).

La réponse est double :
Le salut personnel est essentiel à la découverte de notre vie et de notre position spirituelles. Ce n’est qu’en recevant le pardon et une nouvelle identité « en Christ » que nous trouvons la sécurité et la paix auxquelles nous aspirons.

Toutefois, selon le Nouveau Testament, notre naissance dans la famille de Dieu marque le début, et non la fin, de notre foi.

Aussi important que cela ait pu être pour une génération précédente de clarifier la décision de la foi salvatrice et de l’espérance en un royaume à venir, la nouvelle génération a raison d’insister sur les multiples implications du fait d’être aujourd’hui les disciples de Jésus.

Paul a écrit au sujet non seulement du salut par la foi, mais aussi de la nécessité d’adopter un comportement qui « [honore] en tout la doctrine de Dieu notre Sauveur » (Tite 2.10). Voilà comment beaucoup de jeunes évangéliques vivent leur foi en Jésus de manière visible. Soucieux de justice sociale et de réconciliation raciale, ils montrent qu’ils ont entendu ce que Jésus a dit au sujet du bon Samaritain. Soucieux de leur environnement, beaucoup d’entre eux montrent qu’ils croient que notre monde est encore « le monde de notre Père ».

Une fois encore, le défi à relever consistera à ramener le pendule au « centre », là où les décisions personnelles inhérentes au salut, ainsi que l’apprentissage de toute une vie et les attitudes propres à la formation de disciples sont maintenus en équilibre.