Est-ce possible que les disciples de Christ aient exagéré la question des prophéties accomplies ? Comme bien d’autres, j’ai grandi avec la notion que nous avions parmi les raisons les plus plausibles de croire en Jésus celle selon laquelle il a accompli des centaines de prédictions apparaissant dans les Écritures juives. Plusieurs années après, je me suis mis à me demander où se trouvait la majorité de ces prophéties. Or, en vérifiant moi-même les sources, j’ai découvert la plupart du temps des affirmations obscures ou mystérieuses écrites au passé et désignant historiquement une personne autre que le Messie à venir.

L’auteur néotestamentaire Matthieu, par exemple, a défendu en partie la cause de Jésus en s’appuyant sur de tels passages. Pour convaincre ses compatriotes juifs de l’existence d’un lien entre leurs Écritures et Jésus de Nazareth, il a annoncé à maintes reprises l’accomplissement de prédictions que la plupart d’entre nous jugeraient sans doute comme manquant de clarté.

Il y a, par exemple, la fois où Joseph et Marie ont emmené Jésus en Égypte. Matthieu dit que cela s’est produit « afin que s’accomplisse ce que le Seigneur avait annoncé par le prophète : J’ai appelé mon fils hors d’Égypte » (2.15). Mais où se trouve cette prédiction ? Ici, Matthieu se fait simplement le porteur d’une citation selon laquelle il fallait « que s’accomplisse ce que le Seigneur avait annoncé par le prophète : J’ai appelé mon fils hors d’Égypte » (2.15). Mais où se trouve donc cette prédiction ? Précisons que Matthieu cite ici le prophète Osée, qui, dans son propre contexte de l’Antiquité, se remémorait la naissance passée de la nation d’Israël ; il ne prédisait pas celle à venir d’un Messie personnel.

Que voit Matthieu ?

Même si nous ne pouvons pas questionner directement Matthieu, nous pouvons examiner attentivement les clarifications qu’il nous apporte à ce sujet. Dans les chapitres suivants, en parlant d’« accomplissement », il précise ce qui transcende l’aboutissement de prédictions claires.

Dans le cinquième chapitre de son Évangile, Matthieu cite Jésus comme suit :
« Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes ; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir » (5.17). Jésus poursuit en disant que la loi doit s’accomplir en tout point (v. 18).

Pour comprendre en quoi la Loi et les prophéties peuvent s’accomplir, il importe de savoir que par le terme loi Jésus entend plus que de simples commandements moraux. À ce jour, les Juifs emploient le terme Torah, ou Loi, pour désigner la totalité des instructions que Dieu a données à Israël. Elle commence par les cinq livres de Moïse et englobe toute la Loi, toute l’Histoire et tous les rituels cérémoniels du peuple que Dieu s’est choisi.

L’histoire d’Israël accomplie

Matthieu a écrit au sujet de l’accomplissement des prophéties en lui donnant ce sens large. En réfléchissant aux événements précis de la vie de Jésus, il a vu en quoi ils donnaient tout leur sens aux schémas et aux principes historiques se dégageant de l’histoire du peuple élu de Dieu. Israël et son Messie tant attendu étaient tous les deux des serviteurs élus. Les deux seraient une bénédiction pourle monde entier (Genèse 12.1-3). Il devait toutefois y avoir une différence marquée entre les deux. Israël allait vivre et mourir à titre d’exemple de ce qui advient de ceux qui mettent leur confiance en Dieu et de ceux qui désobéissent à Dieu. Son Messie vivrait et mourrait dans une obéissance parfaite, afin de devenir le sacrifice d’amour de Dieu et le porteur des péchés du monde
(Ésaïe 53 ; Jean 3.16).

Un système sacrificiel accompli

Jean-Baptiste doit avoir semé la confusion parmi la foule qui l’écoutait lorsqu’il a dit, en montrant du doigt un rabbi de Nazareth : « Voici l’Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde » (Jean 1.29). Les gens ont mis trois ans à comprendre cette parole. Pourtant, en y repensant, nous voyons bien que les morceaux d’un puzzle ancien se mettaient en place. On était sur le point de voir, lors de son exécution, le Messie tant attendu d’Israël en la personne du mystérieux serviteur de douleur décrit dans Ésaïe 53. Ce n’est qu’après la résurrection de Jésus qu’il est devenu évident que tout le système sacrificiel des Juifs a été accompli lorsque le Fils même de Dieu est mort pour expier nos péchés (Hébreux 10.10).

Un échéancier partiellement accompli

Depuis des millénaires, la nation d’Israël célèbre un cycle annuel de fêtes qui remonte au temps de Moïse (Lévitique 23). Depuis le premier siècle de notre ère, ces festivités revêtent cependant une nouvelle signification. Jésus a été crucifié à la Pâque — afin de procurer l’ultime délivrance de la captivité. Il a été enseveli durant la fête des pains sans levain — afin d’« enlever » le levain du péché une fois pour toutes. Il est ressuscité lors de la fête des semaines — afin d’être le premier à ressusciter au nom de Dieu. Cinquante jours plus tard, lors de la Pentecôte — le jour où le peuple juif célèbre le don de la Loi —, Jésus a envoyé son Esprit à ses disciples pour leur donner la capacité d’accomplir le principe de la Loi de tout leur coeur. Il reste trois fêtes à accomplir. Elles tombent à la fin du cycle annuel des fêtes d’Israël et correspondent à des événements ayant été prédits, mais dont l’accomplissement reste à venir.

Des prédictions claires accomplies

En plus des schémas d’adoration et historiques, les prophètes d’Israël nous font également des prédictions claires et fascinantes. Ils nous révèlent quand et où naîtrait le Fils d’Abraham et de David. Le prophète Michée a prédit qu’un souverain mystérieux et éternel viendrait de Bethléhem (Michée 5.2 ; Matthieu 2.2-6). Et il y a Daniel, qui a prédit des centaines d’années avant l’incarnation de Christ l’époque exacte à laquelle le Messie viendrait (9.24-26). (« The Daniel Papers », Q1207 de la Série Découverte.) Dieu seul pouvait orchestrer tous les schémas, toutes les prédictions et tous les principes qui se sont accomplis en la personne de Jésus. Ils démontrent dans l’ensemble que Matthieu n’exagérait rien au sujet de Jésus. En tant que notre Créateur, Jésus constitue le commencement de toute l’Histoire. En tant qu’Israélite parfait, Jésus a accompli l’esprit et la lettre de la Loi, ainsi que l’histoire du « peuple élu ». En tant que notre Juge, Jésus mettra fin à toute l’Histoire devant son tribunal. En tant que notre Sauveur, Jésus permet à tous ceux d’entre nous qui acceptent son offre de miséricorde de nous accomplir — non pas grâce à ce que nous avons fait pour Dieu, mais grâce à ce que Dieu a fait pour nous — en Christ (Colossiens 2.20).

Père céleste, merci de nous aider à voir que ton Fils dépasse toujours nos attentes. Tandis que les schémas, les principes et les prédictions relatifs à Israël s’accomplissent en lui, veuille également nous aider à trouver en lui tout, et même plus encore, ce que notre coeur désire ardemment.