Plusieurs des églises de notre ville sont imprégnées du même esprit de ségrégation qui a affecté mon pays pendant si longtemps. Conscients de ce mal, des pasteurs et des dirigeants de différentes ethnies prennent un repas ensemble chaque mois. Nous prions et mangeons. Nous parlons de réalités économiques et de structures politiques. Nous parlons de notre histoire locale (il y a quelques dizaines d’années, un quartier florissant d’entreprises appartenant à des noirs a été rasé jusqu’au sol). Ce qui est le plus efficace, cependant, c’est lorsque l’un d’entre nous est assez courageux et vulnérable pour raconter sa propre histoire : ses souffrances, ses peurs, ses espoirs et ses désirs. C’est dans ces moments que nous nous rapprochons les uns des autres. Nous permettons aux autres de partager notre fardeau et de partager notre vie.

Je pense souvent à Paul qui nous recommande de « [porter] les fardeaux les uns des autres » (GA 6.2), et pourtant je suis devenu pleinement conscient du fait que nous ne pouvons pas réellement porter les fardeaux les uns des autres sans être au fait de ces fardeaux. Bien sûr, nous ne pouvons pas connaître les fardeaux des autres si nous ne connaissons pas leur histoire. Nous avons besoin de temps et d’espace pour découvrir et honorer les blessures et les joies uniques qui ont aidé à façonner notre personne.

Jésus nous a dit : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même », mais nous ne pouvons aimer notre prochain si nous ne le connaissons pas (MC 12.31). Pour être semblable à Christ, il faut peut-être parfois poser des questions et écouter, être curieux et se soucier de l’autre. Je suis frappé de voir combien de temps que Jésus a passé à table avec des gens à manger et à les écouter parler de leurs expériences.

Résister aux forces violentes, injustes et déshumanisantes de ce monde peut être exigeant. Ce que nous pouvons toutefois faire, c’est de raconter notre histoire et d’écouter celles des autres. Ainsi, Dieu peut nous utiliser pour déverser son amour sur le monde.