Le Bateau ouvert de Stephen Crane raconte l’expérience de quatre hommes qui tentent de survivre, perdus en pleine mer dans un canot de sauvetage. Ironiquement, l’un des hommes fait une réflexion sur un poème qu’il avait lu lorsqu’il était étudiant et qui traite d’un soldat qui combattait à Alger. L’homme a compris qu’« il n’avait jamais considéré que cela le regardait qu’un soldat de la Légion gisait mourant à Alger, ni que c’était une raison pour être triste. Cela lui importait moins qu’une pointe de crayon brisée ». Il n’avait pas ressenti de compassion pour le soldat jusqu’à cet instant.

Le terme compassion (LU 10.33) veut littéralement dire « souffrir avec quelqu’un ». Il se peut que nous ne soyons capable de ressentir la douleur des autres que lorsque nous souffrons nous-mêmes. Il est si facile de mener une vie égoïste et de vouloir se tenir loin de l’adversité et de la mort. Comme le docteur de la loi qui a éprouvé Jésus, nous justifions notre indifférence quand il s’agit d’obéir à la deuxième partie du plus grand des commandements selon Jésus (V. 27).

Si l’amour de soi est l’un des résultats de la chute, nous devons comprendre ce que Jésus a voulu dire lorsqu’il a déterminé que s’aimer soi-même est essentiel pour aimer les autres (RO 13.8‑10). Sans faire référence à eros (passion), à phileo (amour fraternel) ou même à storge (affection familiale), il nous exhorte à mettre en pratique l’amour agape de Dieu, et dans les mots de C. S. Lewis : « Agape c’est de donner et non de prendre » (Traduction libre).

L’histoire du bon Samaritain n’est pas racontée pour nous aviser de faire de bonnes oeuvres. Elle reflète la puissance de la croix dans la volonté du Samaritain à souffrir avec l’homme blessé (MC 8.31 ; LU 24.44‑47). Jésus a fait preuve d’une grande compassion envers nous en donnant sa vie pour nous et en nous sauvant du désespoir. Puissions-nous, par la puissance du Saint-Esprit, n’en faire pas moins pour les autres (LU 10.27).