Les théologiens débattent de la signification de cette déclaration de Paul : « Car nous pensons que l’homme est justifié par la foi, sans les oeuvres de la loi » (Ro 3.28). Les protestants traditionnels se conforment à l’idée de Martin Luther selon laquelle les pécheurs comme nous ne peuvent faire assez de bonnes oeuvres pour satisfaire un Dieu saint. Nous devenons justes devant Dieu, en mettant notre foi en Jésus. Quand nous croyons en Christ, Dieu le Père accomplit ce que Luther appelait le « remplacement joyeux », en laissant Jésus se charger de la culpabilité de nos péchés et en considérant que sa justice est nôtre.

Mais certains érudits remettent en question ce point de vue qui s’impose depuis longtemps. Ils affirment que Luther projetait ses luttes monastiques sur Paul, et que ce que l’apôtre voulait dire était tout à fait différent. Ils affirment que Paul a utilisé le terme justification (être « droit » devant Dieu) non pas pour décrire la façon dont un individu reçoit le salut par Jésus, mais plutôt pour expliquer comment les Juifs et les païens pouvaient vivre les uns avec les autres. La nouvelle vision affirme que la justification ne concerne pas le salut personnel, mais la réconciliation ethnique.

Comme pour de nombreuses questions, la bonne réponse n’est pas ceci « ou » cela, mais ceci « et » cela. Dans la première moitié d’Éphésiens 2, Paul célèbre le précieux Évangile du salut personnel. Nous « étions morts par nos offenses », mais Dieu « nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes, en Jésus-Christ » (v. 5,6). La deuxième moitié explique que Dieu, qui nous a sauvés individuellement, ne nous a pas laissés à nous-mêmes : « [Il] a voulu créer en lui-même avec les deux [Juifs et païens] un seul homme nouveau, en établissant la paix » (v. 15).

Paul n’a pas séparé le salut personnel de l’unité collective ; il les a rassemblés. Cette même justice qui pardonne notre péché nous unit aussi aux autres croyants.