La plupart des parents ont de grandes attentes envers leurs enfants. Je suis sûr que les premiers parents du monde, Adam et Ève, fondaient de grands espoirs sur leur premier-né. Cela est visible dans la réponse d’Ève : « J’ai acquis un homme de par l’Éternel » (Ge 4.1). Le réformiste Martin Luther a enseigné que cette interprétation ne saisissait pas tout à fait l’intensité de l’optimisme dont Ève faisait preuve envers son premier-né. Connaissant la promesse de Dieu d’un Sauveur (3.15), elle croyait honnêtement que son fils était le Messie promis. En un sens, Ève a dit : « J’ai eu l’homme du Seigneur ! » Ou comme il est écrit dans les notes de bas de page de la New American Standard Bible : « J’ai acquis un homme, le Seigneur ! » Un commentateur biblique l’a traduit ainsi : « Le voici. Le Rédempteur est ici. »

Ève croyait sincèrement qu’elle tenait le Fils promis dans ses bras. Jamais elle n’aurait pu imaginer qu’il deviendrait le premier meurtrier au monde (4.8). Caïn étant né avec une nature pécheresse, Ève a tôt fait de découvrir la déception et la désillusion que générait le péché immonde de son fils.

Lorsque Ève a donné naissance à son deuxième fils, elle l’a nommé Abel, ce qui signifie « souffle » ou « vanité ». Elle savait maintenant que les fils d’Adam étaient nés dans le péché et qu’ils le pratiqueraient. Le nom des deux premiers fils d’Adam, Caïn et Abel, révèle à la fois de grandes attentes et une profonde déception, l’espoir et le désespoir de l’humanité déchue.

Des milliers d’années plus tard, une fille d’Ève, une adolescente vierge, sera enceinte de son premier-né. L’ange lui dira de le nommer « Jésus » (Lu 1.31). « [C’est] lui qui sauvera son peuple de ses péchés » (Mt 1.21). Avec des attentes encore plus grandes, Marie pouvait à juste titre reprendre les mots remplis d’allégresse d’Ève : « J’ai acquis un homme, le Seigneur ! »